Rencontre saugrenue... [Mercedes]

Firecristal Bay. Rien n'avait changé. Pourtant, cela faisait des années que je n'y avais pas mis les pieds. Aux États-Unis, c'était l'un des rares endroits fréquentés uniquement par des sorciers. On voyait des sorcières marcher dans la rue, arborant des robes de couleurs criardes, qui se remaquillaient à l'aide de leur baguette magique, un miroir flottant dans les airs devant elles, qui leur disait ce qui allait ou pas. Des hiboux volaient en tous sens. Des enfants jouaient sur des mini-balais qui ne volaient pas à plus d'un mètre de hauteur. Dans les rues plus sombres, mois fréquentées, l'on voyait des silhouettes encapuchonnées, qui marchaient d'un pas titubant, et marmonnaient pour elles-mêmes. Les bars étaient bondées. Mon préféré avait toujours été le Llewellyn's Inn, dans lequel j'avais passé toutes mes sorties scolaires. C'était un endroit chaleureux, confortable. Madame Lô était une femme replète, qui aimait faire des ragots. Elle riait facilement. Je me souviens que lorsque j'étais jeune, je passais des heures à faire semblant de l'écouter parler, bien que ce qu'elle me disait me passait bien au dessus de la tête. Mais elle m'offrait des bièraubeurres gratuites, et le reste, je m'en fichais.

C'était la fin de la journée, quelques jours avant la reprise des cours. Le soleil couchant donnait au ciel et à la mer une couleur orangée unique, qu'on ne voyait qu'à cet endroit à ma connaissance. En effet, je n'avais jamais vu de plus beau crépuscule qu'à Firecristal Bay. Ma candidature au poste de professeur de Sortilèges avait été acceptée, et j'héritai même du rôle de Directeur de Silversword. J'en étais tout émoustillé. Me disant qu'il fallait que je fête ça, je me dirigeai vers le bar qui avait été celui de ma jeunesse étudiante. En entrant, je ne fus pas surpris de constater que rien n'avait changé. Tout était comme dans mes souvenirs, si ce n'est que Madame Lô avait les cheveux un peu plus gris, et de nouvelles rides étaient apparues sur son visage. Me doutant bien qu'elle ne me reconnaitrait pas, je m'avançai vers le comptoir, et lui commandai une bièraubeurre. Comme je l'avais prévu, elle ne m'avait pas remis. Pourtant, j'étais sûr au fond de moi qu'elle se souvenait du jeune homme brillant qui venait passer des heures à étudier au fond à droite, toujours sur la même table. Présomptueux..? Moi..? Non, jamais ! Soudain, un flash me revint, et, lorsqu'elle vint me tendre ma boisson, je lui demandai sans détour :

-Comment vont les morpions de Madame Morgenstern..?

Je m'étais en effet souvenu que c'était un de ses sujets de prédilection quand il s'agissait de faire des ragots. Elle connaissait sans doute mieux la vie de cette pauvre femme, ou devrais-je dire la version déformée de sa vie, que sa famille. Elle me regarda l'air surpris, tout en cherchant dans sa mémoire à qui elle avait bien pu raconter cet épisode de la vie de Madame Morgenstern... Puis soudain, elle éclata de rire, fit le tour du comptoir et me prit dans ses bras.

-Williaaaaam !! (cria-t-elle en rigolant) Ce petit William Smith !! Comme tu as grandi !!

Je la regardai, ne sachant pas si je devais rire ou pleurer, tous les clients présents s'étaient retournés vers nous. A présent, elle s'appliquait à coller le plus de rouge à lèves possible sur mes joues. Lorsqu'elle eut fini, elle me regarda. J'arborais moi même un sourire géné...

-Alors Will, que deviens-tu..?
-Heu Madame Lô..?
-Oui Will ? dit-elle avec un sourire radieux.
-Je ne suis pas William Smith...

Son sourire s'effaça de suite. Elle semblait en colère. Bien que j'eusse parlé à voix basse, les clients avaient entendus, et ils avaient presque tous explosé de rire en entendant ma révélation.

-Qui êtes vous alors..? Sale petit usurpateur, je suis sûre que ca vous amuse de me voir me ridiculiser de la sorte !! Dit-elle d'une voix froide qui calma les rieurs...
-Augustus Ho...

Mais, elle ne me laissa pas le temps de finir ma phrase.

-Augustuuuuus !! Le petit Augustus Howard !!dit-elle sur le même ton qu'elle avait dit "Ce petit William Smith !!"

Je ne sais pas ce qu'elle avait avec les "petits"... Peut être faisait elle un complexe d'infériorité, puisque je la dépassais d'une bonne d'une bonne tête. Les clients du bar s'étaient remis à rire quand elle avait recommencé sa litanie. Elle s'appliquait alors à me mettre du rouge sur l'autre joue... Je devais ressemblais à un clown...

Nous nous mîmes à parler du bon vieux temps. Elle fut très heureuse d'apprendre que j'étais devenu professeur. La conversation dura un bon moment, et petit à petit, le bar se vidait. Dehors, la nuit était tombée. Bientôt, il ne resta plus que nous. Il était près de 22 heures lorsqu'elle me dit qu'elle allait fermer, pour qu'on reste tranquille à discuter. Je me demandais alors qui pourrait venir à une heure aussi tardive. C'est alors que la porte s'ouvrit, laissant apparaitre une des personnes les plus saugrenues que j'eusse jamais vue...

Professeur de divination Messages : 6

La divination n'était pas seulement une matière comme toutes les autres. Il s'agissait là d'un véritable art, que seuls quelques sorciers pouvaient maitriser. Vous savez, lorsque l'on prend l'habitude de croire à toutes ces superstitions, que l'on lit tous les jours dans ses feuilles de thé, et que l'on a l'habitude de lire l'avenir, on n'a plus tellement la tête sur les épaules. On a toujours su que les artistes étaient des incompris, un peu fous grâce à leur excentricité et leurs idées nouvelles. Les devins ne faisaient pas l'exception à la règle. Ils étaient tous un peu délurés, vivant dans un autre monde que l'on situait entre le futur et l'imaginaire. Parce qu'il allait sans dire que l'on arrivait difficilement à distinguer la vérité des mensonges fréquents que l'on pouvait trouver dans ce domaine. Oui, tout le monde pouvait prétendre avoir un grain de folie et lire dans les feuilles de thé, mais on pouvait être surs et certains qu'il n'était pas réellement donné à chacun de lire dans l'avenir. Mercedes Zabdoubakai faisait partie de ces artistes. Du moins, son obstination à y croire nous menait puissamment à s'y fier.

La jeune femme était assise devant la cheminée de son bureau. Sur un tabouret. Un minuscule tabouret qui faisait à peine vingt centimètres de haut, et le quart de la surface totale de son postérieur. Toujours était-il, que, par un moyen miraculeux, elle arrivait à rester dans une position (certes laborieuse) sur ce foutu tabouret. Elle tenait un oeuf cru dans sa main droite, et le scrutait intensément de ses yeux globuleux. Selon les apparences, elle avait l'air de faire une séance d'hypnotisation à ce pauvre poussin non fécondé. On se demandait même s'il n'y avait pas un vrai poussin à l'intérieur, ou encore un mini dragon qu'elle se serait procurée en Roumanie par la tente de la soeur de sa la grand-mère de sa marraine, car son air pouvait en inquiéter plus d'un.

Elle ne lui reprochait rien, contrairement à ce que l'on aurait pu croire. Non, elle allait juste mettre en pratique une théorie qu'elle avait lue dans un de ses livres à propos douteux, ou plutôt dans un de ses livres tout court à défaut de faire un joli pléonasme. Elle le fixa, concentrée, et l'écrasa du bout de ses doigts. La coquille craqua sous la pression, tandis qu'un liquide jaunâtre à l'aspect visqueux en sortit et se déposa sur sa peau. Un sourire machiavélique s'afficha aux coins de ses lèvres, et, sans que personne ne s'y soit attendu (même s'il n'y avait personne pour s'attendre à quoi que ce soit), elle jeta l'oeuf dans la cheminée. Plaquant ensuite ses mains sur son visage, elle étala ce mélange de coquilles, de blanc, de jaune, et d'oeuf sur ses joues rebondies.

Il ne s'agissait pas d'un soin de beauté pour le visage, bien qu'elle en aurait bien eu besoin, Mercedes savait incontestablement que ça ne l'aurait pas arrangée en grand chose. Non, il était question de tout autre chose. Les grecs affirmaient qu'ils arrivaient plus facilement à accéder au chemin du temps en jetant un oeuf dans les flammes. C'était une pratique très réputée selon ce que la sorcière en avait entendu parler. Elle avait donc voulu essayer ce moyen pour trouver de l'inspiration. Que voulez vous, un artiste avait une muse, et la muse des prophètes, c'était un oeuf brulé. (ce qui était bien plus joli qu'une omelette ceci dit en passant).

Après que la matière visqueuse eut été absorbée, Mercedes inspira un bon coup. Quelques secondes passèrent, mais elle ne voyait toujours que du brouillard. Il lui fallait sentir, des odeurs, beaucoup d'odeurs. Elle fit bruler de l'encens, et se colora les ongles d'un verni rouge rutilant. Avant qu'il eut le temps de sécher, elle le passa sous son nez, pour en sortir l'odeur. Il s'agissait d'un verni spécial au sang de Darkhorizons, du moins, c'était l'indication portée sur le flacon en plastique. Elle inspira une nouvelle fois en fermant les yeux. Cette fois, une image étrange lui vint en tête. Elle ouvrit si vite les paupières que ses pupilles manquèrent de faire un tour dans leurs orbites et d'en sortir comme une fusée au décollage.

"Llewellyn's Inn!"

Elle se leva d'un bond si puissant que le tabouret craqua et s'écroula par terre. Mercedes était déjà partie comme un cheval de course, renversant son château de cartes de vingt étages et deux mètres de hauteur à son passage en tornade dévastatrice. Il manquait vraiment de place ici. Elle s'empara de son balai, garé derrière le pavillon, l'enfourcha et s'envola en direction de Firecristal Bay. Elle allait si vite, et y mettait tellement de volonté que l'on aurait presque cru que son balai allait s'écraser sous son poids massif. Elle souriait de façon assez psychédélique... C'était sa première illumination depuis la rentrée (le soir-même), autant dire que l'année ne faisait que commencer et on n'était pas sorti de l'auberge. Par contre, elle, elle venait tout juste d'y rentrer.

Llewellyn's Inn. Elle ouvrit la porte à grande volée. Empestant l'œuf aéré, et le sang de dragon, elle marcha d'une allure grossière à travers les tables, jusqu'à venir se planter devant le bar. Pendant cinq seconde, un silence de mort s'installa dans les lieux. Elle regarda la serveuse de ses yeux loufoques, et leva un indexe vers le plafond.

"Attendez. Il faut que je me connecte au champ interspacialogravitatique... ... Il me faut un whisky pur feu, sinon, un de mes élèves va se fouler la cheville en montant les escaliers demain."

Elle jeta un regard curieux à un jeune homme collé au bard, à sa droite. Elle approcha sa tête de la sienne, et loucha sur son nez, puis, en toucha le bout de son petit doigt.

"Pif! Je le reconnais par Merlin! c'est celui qui est passé dans son carrosse la nuit dernière, il a failli me renverser sur mon chemin du destin! Ah monsieur, si j'avais un tel nez, moi, je ne le laisserai pas s'égarer sur des voies aussi dangereuses"

[HJ : J'adore ton post !! Rencontre saugrenue... [Mercedes] Lol

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Jamais apparence n'aurait pu être si étrange ! La femme qui avait surgi de nulle part et qui avait ouvert la porte à la volée était plutôt ronde, portait en effet des vêtements pour le moins excentrique, pleins de couleurs vives et désaccordées ainsi que toutes sortes de bijoux affreux ! Elle avait des gros yeux exorbités et un sourire à faire peur. Mais le plus étrange, c'est qu'elle semblait avoir étalé une substance visqueuse, qui avait à moitié séché sur le visage... Cela ressemblait à de l'œuf cru... De plus, une forte odeur désagréable s'était répandue dans la pièce à son arrivée, et je soupçonnais son vernis à ongle rouge sang à peine sec, (qui avait, soit-dit en passant, coulé sur ses doigts boudinés) d'en être responsable...

La nouvelle venue s'avança dans le bar, se déplaçant d'une démarche étrange à travers les tables désormais vides. Elle regarda Madame Lô, avec une expression psychotique sur le visage. Elle avait l'air complètement barge... Je ne savais pas s'il fallait rire sou s'alarmer. Le ridicule de cette situation était vraiment inconfortable, et les nombreuses bièraubeurre me donnaient à présent mal à la tête, ainsi qu'un irrépressible envie d'aller aux toilettes... Le silence qui s'était installé fut soudain rompu par la femme, qui, après avoir levé un doigt vers le ciel déclara :

-Attendez. Il faut que je me connecte au champ interspacialogravitatique...

**Son champ quoi ?!** Mais ma stupéfaction n'en était qu'à ses débuts...

-...Il me faut un whisky pur feu, continua-t-elle. Sinon, un de mes élèves va se fouler la cheville en montant les escaliers demain.

**ÉLÈVES ?! Ne me dites pas que cette femme est... Professeur..?**

Elle s'approcha alors de moi. J'eus un mouvement de recul tout naturel, mais c'est alors qu'elle toucha le bout de mon nez de son petit doigt boudiné et tout peinturluré de vernis à ongle... J'avais raison, cette odeur épouvantable venait du produit cosmétique...

"Pif! Je le reconnais par Merlin! c'est celui qui est passé dans son carrosse la nuit dernière, il a failli me renverser sur mon chemin du destin! Ah monsieur, si j'avais un tel nez, moi, je ne le laisserai pas s'égarer sur des voies aussi dangereuses"

Je me dégageai de suite de son contact... Non mais pour qui elle se prenait ?! Je restais un moment coi, incapable d'assimiler les paroles qu'elle m'avait lancées... Je ne comprenais pas un mot de ce qu'elle racontait. Madame Lô quant à elle, semblait figée sur place, une expression de dégout et d'incompréhension flottait sur son visage. Elle semblait se demander si les verres d'hydromel vieilli en fut qu'elle avait bu pour m'accompagner n'avait pas provoqué une hallucination... Enfin, la parole sembla me revenir...

-Puis-je savoir qui vous êtes... Madame..?

Je n'étais pas très sûr que tout ceci fût bien réel... Peut être étais rentré chez moi particulièrement éméché, et que tout ceci n'était qu'un rêve... Madame Lô aussi semblait être sortie de son état de transe. Elle reprit bien vite contenance, alla fermer la porte, jeta un regard noir à la femme qui me fixait toujours d'un œil dément, retourna derrière son comptoir et dit d'une voix forte et sèche :

-Un Whisky Pur Feu c'est ça..?

Professeur de divination Messages : 6

Mercedes était une femme comme toutes les autres. Seulement une femme qui avait l’air d’une bombe atomique dans un spectacle de cirque. Ca fait bien rire au début, et quand ça saute, boom, ça craque. Eh bien oui, quand Mercedes saute, boom, ça craque. Tout craque. A commencer par sa robe de sorcier, le sol, le plafond (à défaut de sauter trop haut), et aussi les nerfs de tous les gens se trouvant dans un secteur de trois kilomètres d’environs. Oui, quand Mercedes Zabdoubakai est dans les parages, méfiez vous de ce qui pourrait vous arriver.

En cette sombre soirée d’illumination (paradoxal n’est-ce pas ?), Mercedes avait foncé la caisse. C’était le chemin de la destinée qui devait être sacrement en avance, car à peine eut elle franchi le seuil de la porte de Llewellyn’s Inn, qu’elle se retrouvait à toucher le nez d’un sorcier collé au bar. Peut-être qu’en plus de ses dons en divination, elle avait aussi celui du bicuité ?

Dès qu’elle s’approcha de lui, il s’écarta. Il allait sans dire que Mercedes était la femme la plus repoussante qu’il n’ait jamais rencontré, et certainement la première bombe atomique de cirque dont il n’ait jamais entendu parler de sa minuscule existence. Tout simplement peut-être, parce que c’était la seule qui existait sur terre. Mercedes l’avait même vérifié grâce à ses accès au chemin du temps, et elle n’aurait pas toléré le moindre plagiat ! Non mais !! Si elle continuait à faire ainsi peur aux autres, c’était bien parce qu’elle était unique dans son genre, dans son domaine, dans sa race, appelez ça comme vous voudrez. Elle dépassait toutes les lois de l’attraction, et du bon sens, et son style hors du commun (ça il n’y avait pas à dire) faisait de Mercedes une Mercedes !

Puis-je savoir qui vous êtes... Madame..?

Mercedes ne broncha pas. Il lui fallut quelques secondes le temps que l’information lui montât au cerveau.

Ne m’appelez pas madame, monsieur. Vous savez parfaitement que je n'ai rien d'une dame, monsieur. Je suis Mercedes.

Elle se contentait de sourire bêtement, en regardant au plafond. En réalité, ce fut comme si, l’espace d’un instant, elle ne portait plus aucune attention à son interlocuteur. Regardant toujours en l’air, elle agita sa main gauche au dessus du bar, essayant de trouver le verre de whiskey pur feu que lui avait préparé madame Lô. Sauf que, malgré ses dons de devin, elle n’avait pas l’air d’avoir prédit l’emplacement exact de la boisson. Restait à savoir si elle avait anticipé ou non que le verre allait se renverser à l’instant même où sa main le percuterait... En effet, le verre se renversa, et tout un liquide se répandit sur le bar. Mercedes continuait de fixer le plafond, devinant la tête indignée que lui tirait madame Lô.

Ne vous inquiétez pas. Si je ne l'avais pas touché, le verre serait tombé plus tard. Et en plus, il se serait brisé. Vous voyez? dit elle en détachant son regard du lustre mettant sa tête en avant comme une tortue. D'ailleurs, monsieur, cela fait combien de temps que vous êtes ici?

Mercedes regarda l'homme, apparemment abasourdi par la tournure que prenaient les choses. A peine eut il le temps d'ouvrir la bouche que ...

CHUT MONSIEUR!

Elle s'empara de sa main, et commença à regarder au creux de sa paume. On aurait dit une scientifique qui cherchait un atome. Sauf que le microscope, c'était ses yeux, qui n'avaient rien de bien microscopique si vous voulez tout savoir!

mhm... Trois milliards quatre cent cinquante sept millons... inquietant n'est-ce pas? Dit elle en le scrutant de ses yeux exorbitants.

» Mercedes Zabdoubakai - APPROUVEE